Gotthyka
Scarafeuille
Inscription: 13 Nov 2008, 20:04 Messages: 256
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Requiem of the past
*Quelque part sur l’île d’Otomaï, parmi des ruines d’un ancien laboratoire perdu au plus profond de la forêt, un livre voit ses pages se tourner sous les caprices du vent…. L’écriture y est ancienne… On dirait celle d’un scientifique… serait-ce celle d’Otomaï ? Qui sait… peu importe… Toujours est-il que quelques notes ont survécu aux intempéries….*
« 16 maisial l’enfant écaflip prélevé pour mes recherches c’est enfuit, ses parents ayant été éliminés pour le bien des recherches, la jeune écaflip ne pourra survivre ici seule, il est donc inutile de s’ennuyer à la rechercher…. »
*Ces notes découvertes des années plus tard lui avaient donné un désagréable sentiment de mal-être, mais également rafraîchi la mémoire, elle en profita donc pour se saisir d’un parchemin, de sa plume de Corbac et d’encre de Kralamour et se mis à écrire, non sans difficultés….*
J’avais 6 ans… je sentais encore en moi la douce chaleur de mes défunts parents, mais elle fut si vite remplacée… Par cette intolérable douleur qui me broyait le cœur, me nouait le ventre… Celle de les avoir perdu… Au bout de trois jours, la faim, la fatigue et la tristesse eurent raison de moi et je m’écroulai exténuée. C’est alors qu’un Sram nommé Mori Arty, capitaine d’une embarcation, me trouva inanimée. Il me fit monter à son bord, dans l’intention de me revendre au noir comme esclave une fois au port de Madrestam. Au bout d’une semaine passée en cale nous arrivâmes à Madrestam. La lumière du jour m’éblouissait mais je ne la vit qu’un instant, le temps d’être vendue à un Eniripsa qui se faisait appelé Squale le rouge. Il me mena dans une caisse à la foire du Trool, où je fus revendue au gérant. Je passai dès lors mes journées, enchaînée contre un mur, recouverte de sang de Bouftou. J’étais la protagoniste vivante d’une attraction nommée : manoir hanté… On me nourrissait quand on y songeait et qu’on n’avait pas trop la flemme de le faire… Autrement dit j’avais rarement quelques patates sous la dent… Un jour le gérant de l’époque vint me voir ivre mort. Il me jeta quelques patates en jurant devant sa besogne. Mais alors qu’il faisait de grands efforts pour garder l’équilibre, je lui subtilisai la clé grâce à ma queue. Une fois qu’il fut parti je me libéra et me sauva à toute patte de cet enfer. Cela avait duré 2 ans…
Me voilà seule dans les plaines de Cania, j’avais faim, soif, froid, et surtout peur…. Du haut de mes huit ans je traversa les plaines péniblement, en évitant les Kanis, Blops, Serpentins et autres aventuriers jusqu’à arrivé devant une sorte de lac. Je me désaltéra et me reposa un peu. Mais la fatigue m’emporta et je m’assoupis. A mon réveil j’étais dans une maison. J’avais la vague image d’un visage d’un vieil homme qui tenait un sceptre et qui avait un grand chapeau tout corné. A mes côtés on avait disposé des pains et quelques cuisses de Bouftou grillés. Croyant rêver je mangeais en espérant ne pas me réveiller. Une fois rassasiée, je descendis les escaliers, mais il n’y avait personne mise à part une vieille horloge… J’allais sortir quand un jeune aventurier entra en criant « Maître des clés me voilà !!! ». Apeurée je me plaquai contre le mur. Le sang de Bouftou séché faisait croire que j’étais blessée. Le jeune aventurier me voyant ainsi fut intrigué, il s’approcha de moi et tendit sa main vers ma direction. Sous la panique je le griffai en feulant. Ma pitoyable griffure sur sa main le fit rire. « Mais qu’est-ce que c’est que ce Chacha sauvage ? N’ai donc pas peur ainsi, je ne vais pas te croquer ! Comment t’appelles tu ?». Je me retrouvai toute penaude, j’avais oublié mon nom après ces deux années…. « Ah ! Gotthyka ! C’est marqué sur ton collier… Que fais tu ici ? Où sont tes parents ?» Je baissai la tête et le regard suite à cette question. Plus d’une fois j’avais voulu les rejoindre… « Je vois… Veux tu venir avec moi ? J’ai besoin d’un compagnon dans mes aventures ! Je t’apprendrais à te battre et nous ferons route ensemble! » Je le regardai avec stupéfaction. Il me tendit sa main. « Je m’appelle Fatalus ». Je saisis alors cette main pleine de bonté, cette main qui me sortit du néant…. Bien qu’il fût un jeune disciple de la déesse Feca, il s’occupa de moi avec attention et autant de soin qu’un partisan du dieu Eca. Il m’apprit à me battre, à manier l’épée bien que lui maniait le bâton. Je grandis donc avec lui, heureuse, oubliant peu à peu mon sinistre passé, et lui finit par me considérer comme sa fille. Nous passâmes ainsi 7 ans ensemble… Mais une fois encore, la malchance me rattrapa et me fit chèrement payer ces années de bonheur… Un jour alors que nous chassions des Meulous, nous traquâmes l’un d’entre eux qui avait pris la fuite. Nous le rattrapâmes et nous apprêtâmes à l’achever, lorsque nous vîtes derrière lui un Troll apparemment très agressif. Nous voulûmes prendre la fuite, mais le Troll nous en empêcha en nous bloquant toute issue. Fatalus me regarda alors, souriant et me dis avec une voix calme et posée : « Ne laisse jamais quiconque te rendre malheureuse… Même si c’est un dieu… Aucune créature ne mérite ne serait-ce qu’une seule de tes larmes… » Il me caressa doucement le visage alors que le Troll approchait, et il ajouta : « Va ma fille, fais moi honneur, et vis.» Avant même d’avoir pu ouvrir la bouche pour contester, il avait utilisé la dernière potion de rappel sur moi… Et je me retrouvai seule, devant le portail, en pleine cité d’Astrub… je crus devenir folle. Je courai seulement animée par la peur et le désespoir jusqu’au dernier lieu où nous étions ensemble. Je le retrouvai sur le sol, inerte, le coup brisé. Je tombai alors à genoux, accablée et détruite, serrant contre moi une dernière fois cet être tant aimé… Malgré les larmes qui ruisselaient sur mon visage et trempaient mon pelage, je ne parvins à émettre aucun son… J’enterrais enfin la dépouille de celui qui m’avait redonné goût à la vie, qui m’avait tout donné et était allé jusqu’à l’ultime sacrifice pour moi. Je mis son corps en terre dans un cimetière, et une fois l’acte accompli, la haine et le désespoir me submergèrent et je poussai un hurlement qui venait du plus profond de mon âme. Je m’adressai au dieu Eca lui hurlant ma colère et ma peine, demandant aux cieux pourquoi ces tourments infernaux… Mais comme toujours, le silence fut ma seule réponse… J’errai donc tel un fantôme Arepo, ne sachant que faire, le monde n’ayant plus aucune importance… Je me retrouvai alors sur la tombe de Fatalus… Sans m’en rendre compte. Je me rendis compte que je n’avais jamais pus le remercier. C’est alors que ces paroles me revinrent en tête… « Fais moi honneur, et vis ». Il avait donné sa vie pour moi… Je promis donc sur sa tombe de vivre le plus longtemps possible et le plus honorablement qu’il soit. Je repartis donc, déterminée à montrer à cette infortune qu’elle n’aura pas ma peau d’écatte, et que je vivrais une vie digne de ce nom. Je continuai seule, mes entraînements pendant encore 2 longues années… Mon assurance s’étant forgée ainsi que ma dextérité et ma technique, je gagnais ma vie en revendant les divers trésors que je récoltai après mes batailles. Je menais une vie normale et honnête. Mais la lassitude commençait déjà à se faire sentir… Je savais qu’il me fallait plus et que je ne pourrais pas subsister éternellement de chasse… Il me fallait trouver mon univers et non survivre dans un autre. C’est alors qu’un tavernier nommé Tek Abir me parla des guildes. Le concept me parut intéressant mais je voulais voir ce que cette théorie donnait en pratique. Aussi le tavernier me pistonna auprès d’un de ses amis pour qu’il me trouve une guilde. Chose qui fut rapidement fait.
J’entrai donc dans ma première guilde impatiente de voir l’application d’une si noble idée… Quelle ne fut pas ma déception ! Au bout de quelques jours à peine je vis l’ambiance se désagréger. Chacun n’étant là que pour parasiter l’autre, les coups bas, arnaques et autres escroqueries allaient bon train, ainsi que les règlements de compte qui les accompagnaient… Ecoeurée par cette atmosphère et par le désintérêt voir pire, la participation du meneur aux transactions peu louables, je quittai cette guilde avec une vision très noire du concept même des guildes. Le brave Tek Abir, désolé de ma mésaventure, me trouva lui-même une autre guilde m’assurant qu’elle était digne de ce nom. J’y entrai donc avec un peu d’appréhension… Mais mes craintes furent dissipées. En effet dans celle-ci, l’entraide, l’ordre et la bonne humeur étaient maîtres. Tout les races et les croyances cohabitaient dans une harmonie parfaite, même les adeptes bontariens et brakmariens faisaient paix. Le meneur était respecté et aimé de tous, son investissement au sein de la vie de la guilde était remarquable et sa dévotion irréprochable. Mais comme toujours cela ne dura pas… Notre meneur tomba malade, une grave maladie appelée Ahkkhage. Il n’y résista pas. Affligé par la perte de notre chef bien aimé, aucun d’entre nous ne trouva la force n’y le courage de rester dans cette guilde sans le chef d’exception qui l’avait construit pièce par pièce. Ainsi quelques jours plus tard, nous décidâmes de dissoudre la guilde, et chacun reparti de son côté. Mon brave tavernier n’en revenait pas et me dit que de sa vie il n’avait jamais vu plus malchanceuse que moi. Et pourtant…. Alors que je me baladais aux bords de la Mer d’Asse, je vis avec stupéfaction, un Mulou assis sur un rocher. Ayant, depuis le drame de Fatalus, développée une haine sans égale envers cette espèce je sortis mes griffes et me rua dessus. Mais étrangement le Mulou avait une force singulière et dégageait une étrange odeur de sang. Il se libéra de ma prise lorsque je vis que je n’avais pas attaqué un Mulou, mais un disciple de la déesse Sacrieuse habillé avec des peaux de Mulou ! Confuse de ce quiproquo, je m’excusais platement de cette erreur que le sacrieur comprit. Malgré son regard froid, j’y décernais une tristesse et surtout une solitude qui m’étaient hélas si familière… Je vins donc le voir régulièrement, le poussant petit à petit hors de sa solitude en le forçant à explorer un peu plus les alentours, nous nous fîmes même quelques amis par la même occasion. N’ayant aucune guilde, il décida d’en faire une avec un ami. Je l’assistais et vis peu à peu la guilde prendre forme, les débuts furent difficiles car il était dur de trouver des gens sérieux, mais petit à petit, elle grandissait, j’y retrouvais même d’anciens amis de ma guilde précédente. Retrouvant doucement cette douce ambiance qui autrefois m’avait fait tant de bien… Je souris en songeant doucement à mon très cher Fatalus… Il pouvait être fière, j’avais trouvé comme une sorte de famille, je vivais honnêtement et honorablement et j’avais même trouvé plus que mon cœur n’aurait pu imaginé… Je n’aurais jamais pu croire un jour que cela m’arriverait et pourtant…Il est arrivé à faire naître en moi le plus beau des sentiments… Pour parfaire à mon accomplissement il peut désormais voir que je suis rentrée dans un clan qui inculque et prêche ses préceptes et ses idéaux. Voyons ce que l’avenir me réserve à présent….
*Regarde le parchemin encore enivrée de souvenir, puis le placarde sur le mur entre les autres et s’en va sans se retourner, comme une page qui vient d’être tournée.*
_________________ Lui et moi sommes félins pour l'autre... Félinement vôtre.
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